Un trésor de bitcoins européen: treasury lève 126 M€ et vise la bourse d’amsterdam

À retenir

  • Treasury BV, soutenue par Winklevoss Capital et Nakamoto Holdings, a levé 126 M€ (≈147 M$) pour se positionner comme une trésorerie Bitcoin paneuropéenne.
  • L’entreprise prépare une introduction sur Euronext Amsterdam via une fusion inversée avec la société néerlandaise MKB Nedsense et devrait être rebaptisée Treasury N.V. (ticker TRSR).
  • Treasury détient déjà plus de 1 000 BTC, valorisés à plus de 110 M$ et prévoit d’accroître ses réserves via des émissions d’actions et de dette convertible.
  • Le projet concurrence directement le modèle lancé aux États-Unis par des sociétés comme MicroStrategy et s’adresse à des investisseurs européens où les produits réglementés (comme les ETF, soit les fonds négociés en bourse) sont encore en développement.

Un nouveau joueur veut faire de l’Europe un terrain de conservation institutionnelle de Bitcoin. Treasury BV, soutenu par des investisseurs de renom, transforme une levée de fonds significative en une stratégie claire: devenir la «trésorerie Bitcoin» de référence sur le Vieux Continent. Plutôt que de vendre du conseil ou des produits dérivés, l’entreprise met des bitcoins sur son bilan — une démarche connue sous le nom de trésorerie Bitcoin, c’est‑à‑dire l’utilisation de Bitcoin comme réserve de valeur au sein des comptes d’une société.

Réactions du marché

La levée de 126 M€ signale une appétence renouvelée des investisseurs pour des véhicules d’exposition directe au Bitcoin, après l’acceptation en janvier 2024 de premiers ETF spot Bitcoin aux États‑Unis (ETF = exchange‑traded fund, un fonds coté répliquant le cours d’un actif). En pratique, si les ETF offrent une voie régulée pour acheter du Bitcoin via des comptes titres, Treasury adopte une autre route: la détention directe sur son bilan, complétée par des augmentations de capital et de la dette convertible (un instrument de financement qui peut se transformer en actions à terme).

Les marchés proches de l’écosystème crypto ont réagi en voyant dans ce coup de force une tentative d’élargir l’offre institutionnelle européenne. La société a aussi acquis la conférence Bitcoin Amsterdam, signe d’une stratégie mêlant actif financier et ancrage communautaire. À terme, la réussite de Treasury pourrait servir d’étalon pour des modèles hors des États‑Unis, où MicroStrategy a été pionnière.

Risques et limites

Le modèle n’est pas sans fragilités. Premièrement, la volatilité du Bitcoin pèse directement sur les comptes: une chute soudaine du cours se traduit par des pertes comptables et des tensions sur la gouvernance. Deuxièmement, la structure de financement — notamment l’usage de dette convertible — dilue les actionnaires si elle se convertit en actions, et crée des échéances financières qui peuvent forcer des ventes d’actifs en période de marché baissier.

Enfin, le cadre réglementaire européen reste fragmenté: contrairement aux États‑Unis où les ETF spot ont ouvert des canaux standards, l’Europe n’offre pas encore partout des produits identiques, ce qui peut compliquer l’accès pour certains investisseurs institutionnels et créer des risques juridiques et fiscaux transfrontaliers.

À suivre

Les prochains mois seront clés: finalisation de la fusion inversée et cotation sur Euronext Amsterdam, nouvelles émissions pour monter en réserve, et réactions des investisseurs institutionnels européens. À plus long terme, il faudra observer si Treasury parvient à industrialiser la conservation d’un actif numérique volatile tout en restant conforme aux exigences des marchés cotés. Si le pari aboutit, l’opération pourrait redessiner l’architecture de l’exposition institutionnelle au Bitcoin hors des États‑Unis.

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