Interopérabilité blockchain : pourquoi abandonner les ponts traditionnels
La technologie blockchain a longtemps été célébrée pour sa capacité à révolutionner divers secteurs grâce à sa décentralisation, sa sécurité et sa transparence. Cependant, à mesure que l’écosystème s’élargit, les complexités et les coûts liés à l’interopérabilité entre différentes blockchains deviennent de plus en plus évidents.
Les mécanismes de consensus : un frein à l’interopérabilité ?
Les algorithmes de consensus sont essentiels pour le bon fonctionnement des réseaux blockchain individuels, garantissant que tous les participants s’accordent sur l’état du registre pour maintenir son intégrité et sa sécurité. Cependant, appliqués aux solutions d’interopérabilité comme les ponts inter-chaînes, ils introduisent des inefficacités et des risques significatifs.
La mise en œuvre du consensus dans l’interopérabilité entraîne souvent une sur-collatéralisation extrême — parfois plus de 100 fois la valeur des actifs transférés. Des fonds sont bloqués dans des nœuds validateurs pour sécuriser le réseau, immobilisant ainsi d’énormes montants de capital. Par exemple, un pont commun verse à chaque validateur environ 30 000 dollars par mois, soit un total ahurissant de 3 millions de dollars par mois pour leurs 100 validateurs. Les coûts supplémentaires pour inciter et maintenir une communauté de validateurs ne font qu’alourdir ce fardeau financier.
Les inefficacités économiques des ponts
Cette sur-collatéralisation n’est pas seulement coûteuse ; elle est économiquement inefficace. Le métrique de la valeur totale bloquée (TVL) est souvent mis en avant dans l’espace DeFi. Mais, en ce qui concerne les ponts, ces chiffres masquent souvent ces inefficacités sous-jacentes en les présentant comme des indicateurs de succès plutôt que comme des coûts irrécupérables. Bien que le consensus vise à fournir de la sécurité, il ne garantit pas la cohérence des solutions d’interopérabilité.
Les risques de l’instabilité des ponts
Les ponts introduisent des données non déterministes, ce qui signifie que le même input ne produit pas toujours le même output sur différentes chaînes. Sans cohérence, la stabilité de l’ensemble du système diminue avec chaque blockchain supplémentaire connectée. Cette instabilité augmente le risque que des tokens ou des transactions soient dupliqués, bloqués ou disparaissent complètement. On estime que des milliards de dollars ont été volés à partir de ponts, y compris 650 millions de dollars de Ronin, 326 millions de Wormhole et 566 millions de la chaîne BNB de Binance.
Vers une interopérabilité sans consensus
Le cœur du problème est simple : les mécanismes de consensus sont inutiles pour l’interopérabilité, et peuvent même être contre-productifs. En éliminant le besoin de consensus dans les solutions inter-chaînes, nous pouvons réduire considérablement les coûts et la complexité. Plutôt que de compter sur des validateurs pour maintenir un consensus, nous pouvons utiliser des preuves déterministes et des méthodes de vérification qui sont intrinsèquement sûres et efficaces.
La clé pour permettre une interopérabilité sans consensus est de déplacer les mécanismes de preuve et de vérification hors des contrats intelligents de couche 1. Cette approche atténue les goulets d’étranglement majeurs comme la disponibilité limitée des données inter-chaînes. En se découpant des contraintes individuelles de la couche 1, les dapps peuvent traiter les données plus librement et créer une valeur supplémentaire sans être entravés par les limitations liées au consensus, au bénéfice non seulement des blockchains, mais surtout des utilisateurs.
Les bénéfices de la suppression du consensus
En se concentrant sur des calculs déterministes, les solutions d’interopérabilité peuvent garantir que les transactions sont prévisibles et vérifiables sans les frais généraux des mécanismes de consensus. Des techniques comme la délégation de calcul référée (RDoC) et la validation cryptographique fournissent les assurances de sécurité nécessaires. Cette approche réduit le risque d’incohérences et d’erreurs, améliorant ainsi la stabilité globale des interactions inter-chaînes.
Supprimer le consensus de l’interopérabilité n’est pas seulement une mesure d’économie ; c’est une évolution stratégique dans la construction de réseaux blockchain. Ce changement de paradigme permet des niveaux d’abstraction plus élevés, une efficacité améliorée et plus de place pour l’innovation. Les développeurs peuvent créer des dapps plus complexes et composables sans être entravés par les limitations imposées par les ponts basés sur le consensus.
La dépendance actuelle aux mécanismes de consensus pour l’interopérabilité est à la fois coûteuse et inefficace. En repensant notre approche et en éliminant les couches de consensus inutiles dans les solutions inter-chaînes, nous pouvons construire un écosystème blockchain plus robuste, évolutif et efficace. Ce mouvement stratégique non seulement réduit les coûts opérationnels mais favorise également l’innovation, permettant à la technologie blockchain d’atteindre son plein potentiel transformateur.