Swift intègre un registre blockchain aux paiements mondiaux
En bref
- Swift, le réseau mondial de messagerie financière, annonce l’intégration d’un registre blockchain dans son infrastructure principale.
- Plus de 30 établissements de 16 pays soutiennent l’initiative; la phase initiale prévoit un prototype construit avec un développeur Ethereum.
- L’objectif : paiements transfrontaliers en temps réel, 24/7, et prise en charge de valeurs tokenisées tout en laissant aux banques le choix des types d’actifs.
- Swift envisage une double trajectoire : moderniser les rails fiat existants et préparer l’infrastructure pour un environnement d’actifs numériques.
Le réseau qui orchestre chaque jour la messagerie entre plus de 11 000 institutions veut franchir un pas technique et conceptuel : placer un registre distribué — la fameuse blockchain — au cœur de sa plateforme. Il s’agit d’un prototype, pas d’un basculement immédiat. Mais l’annonce marque un signal fort : l’industrie financière s’interroge sérieusement sur la manière d’industrialiser les paiements tokenisés et disponibles en continu.
Pourquoi c’est important
Intégrer un registre blockchain à l’infrastructure de référence des paiements internationaux peut réduire les frictions de règlement. La blockchain est une base de données distribuée qui permet d’enregistrer des transactions de façon immuable et horodatée ; elle peut aussi faciliter la tokenisation, c’est‑à‑dire la représentation numérique d’un actif (argent, titre, droit) sous forme de jeton.
Concrètement, cela ouvre la voie à des virements plus rapides, à la réconciliation en temps réel et à une meilleure transparence des flux. L’initiative sépare toutefois la couche infrastructurelle — le « rail » — de la définition réglementaire des actifs : banques commerciales et banques centrales garderont la main sur les types de valeurs échangées, y compris les CBDC (monnaie numérique de banque centrale).
Impacts pour les utilisateurs
Pour les entreprises et les trésoriers, l’intérêt tient à trois promesses : accélération des délais de règlement, disponibilité 24/7 et réduction des coûts opérationnels liés aux correspondances bancaires. Les particuliers pourraient bénéficier indirectement, par des transferts transfrontaliers plus rapides et potentiellement moins chers.
Restez prudent : le prototype vise d’abord à prouver la faisabilité technique et la gouvernance. L’interopérabilité avec les systèmes existants, la conformité réglementaire et les exigences de conservation des données sont des sujets épineux. Les banques participantes — parmi lesquelles plusieurs grands établissements internationaux — ont présenté l’effort comme une étape de modernisation collaborative, pas comme une solution prête à déployer mondialement.
Calendrier et prochaines étapes
La première phase consiste à construire et tester un prototype avec un développeur spécialisé dans les technologies Ethereum, une plateforme blockchain publique souvent utilisée pour créer des applications décentralisées. Après ce prototype, le réseau prévoit d’impliquer sa communauté mondiale pour définir des pilotes ciblés dans certains corridors de paiement.
Il n’y a pas encore de calendrier public précis pour une mise en production. Attendez‑vous à une série d’expérimentations contrôlées, suivies d’analyses réglementaires et opérationnelles avant tout déploiement à grande échelle. Le projet illustre surtout une stratégie en deux temps : améliorer les rails fiat d’aujourd’hui tout en préparant l’infrastructure à un futur où les actifs numériques et la finance décentralisée (DeFi, finance décentralisée) auront plus de place.