Starknet veut rendre le bitcoin productif avec son programme BTC fi
L’essentiel
- Starknet lance un programme d’incitation de 100 millions de STRK et de nouveaux mécanismes de staking pour attirer du bitcoin vers sa couche 2, baptisé BTCFi.
- Le dispositif repose aujourd’hui sur des bitcoins « wrapped » (emballés) — tBTC, LBTC, WBTC, SolvBTC — impliquant des contrats intelligents et des ponts cross‑chain.
- Des concurrents proposent d’autres approches : sécuriser des chaînes proof‑of‑stake (PoS) avec du BTC ou créer des mécanismes de rendement qui redistribuent des frais payés en BTC.
- Important : il n’existe pas de mécanisme de slashing (pénalité financière automatique pour comportement malveillant) dans l’architecture de staking actuelle, et la confiance dépend des wrappers et des ponts.
Starknet mise sur une idée simple mais ambitieuse : que beaucoup de détenteurs de bitcoin ne veulent pas le garder inactif comme simple réserve de valeur. Pour capter ce capital, la couche 2 propose d’« activer » le BTC via des stratégies DeFi (finance décentralisée) et des mécanismes de staking, soutenus par une enveloppe de 100 millions de STRK (le jeton du réseau) pendant six mois.
Pourquoi c’est important
Trois éléments rendent ce mouvement notable. D’abord, la question technique : Starknet est un zk rollup — un mécanisme de mise à l’échelle qui utilise des preuves à connaissance nulle (zero‑knowledge) pour garantir l’exécution hors‑chaîne tout en publiant une preuve sur la couche de base. L’idée d’utiliser du bitcoin pour sécuriser ou alimenter l’activité économique d’un rollup mêle l’attrait du BTC (liquidité, confiance) et l’utilité de la finance décentralisée.
Ensuite, l’écosystème propose aujourd’hui des modèles concurrents. Certains projets redirigent du BTC pour renforcer la sécurité d’autres chaînes PoS (proof‑of‑stake, une méthode de validation où les validateurs mettent en jeu des actifs), d’autres tokenisent le bitcoin via des vaults ERC‑4626 (un standard de tokenisation de coffres sur des chaînes compatibles Ethereum) et redistribuent une partie des frais en BTC aux déposants.
Enfin, les limites techniques et de confiance sont réelles. Sur Starknet, le BTC utilisé est « wrapped » : il s’agit d’un jeton représentant du BTC sur un smart contract. Cela donne une exposition aux utilisateurs sans leur confier leur clé Bitcoin, mais introduit des dépendances à l’infrastructure de wrapping et aux ponts. De plus, l’absence actuelle de slashing signifie que le risque de perdre des fonds en cas de comportement malveillant n’est pas intégré de façon automatique.
À suivre
Plusieurs points méritent une surveillance rapprochée. Observer combien de BTC sont effectivement lockés dans ces mécanismes, ainsi que la provenance de ces actifs (dépôts individuels, fonds institutionnels, market makers), permettra d’évaluer l’adhésion réelle. Autre indicateur : la diversité des stratégies proposées — prêts, dérivés, vaults — et leur capacité à générer des rendements durables sans fragiliser la sécurité.
Techniquement, la feuille de route concernant la mise en place d’un mécanisme de slashing ou d’améliorations des ponts sera décisive pour réduire les risques liés au wrapping. Sur le plan concurrentiel, la façon dont chaque modèle redistribue la valeur (frais natifs en BTC vs incitations en jetons de couches supérieures) influencera la préférence des détenteurs de BTC.
Calendrier et prochaines étapes
- La phase d’incitation annoncée court sur six mois : elle vise à amorcer la liquidité et les stratégies de rendement autour du BTC sur la couche 2.
- Des partenariats avec des gestionnaires d’actifs DeFi pour déployer des vaults et stratégies seront déployés progressivement ; leur performance et leur sécurité seront publiquement évaluées.
- Des évolutions protocolaires possibles — par exemple l’ajout d’un système de slashing ou des améliorations des ponts — sont évoquées mais non actives à ce stade.
En clair : c’est une course à rendre le bitcoin « productif ». Le succès dépendra autant de l’appétit des détenteurs de BTC pour le risque et la complexité technique que de la robustesse des infrastructures de wrapping et de pontage.