Régulation crypto UK‑US : vers une coordination transatlantique

Points clés

  • Le gouvernement britannique s’apprête à annoncer un renforcement de la coopération réglementaire avec les États‑Unis sur les crypto‑actifs.
  • Les axes privilégiés : conduite de marché, lutte contre le blanchiment (AML) et encadrement des stablecoins (monnaies stables).
  • Le Royaume‑Uni propose d’étendre le périmètre de régulation de l’organe britannique, la Financial Conduct Authority (FCA), aux « cryptoactifs éligibles » et aux « stablecoins éligibles ».
  • Aux États‑Unis, la loi dite GENIUS adoptée en juillet 2025 fixe déjà des règles fédérales détaillées pour les stablecoins (réserves, audits, transparence).

Le mouvement vise clairement à réduire les écarts entre deux grandes juridictions financières et à rendre plus difficile l’exploitation des failles réglementaires par des acteurs cherchant un avantage compétitif. Pour les professionnels comme pour les régulateurs, l’ambition est double : protéger les investisseurs et permettre l’adoption responsable d’infrastructures numériques qui montent en puissance.

Le détail technique

Le projet britannique reprend plusieurs concepts concrets. D’abord, l’idée de placer les « qualifying cryptoassets » et les « qualifying stablecoins » sous la coupe de la FCA (Financial Conduct Authority). La FCA est l’autorité de régulation financière du Royaume‑Uni chargée notamment de la supervision des marchés et de la protection des consommateurs. Mettre un actif « dans le périmètre » signifie qu’il devient sujet à des obligations de conduite (transparence, information clients) et à des règles prudentielles.

Les règles prudentielles concernent la solidité financière des émetteurs : réserves, séparation des actifs, contrôles internes. Le terme stablecoin désigne une crypto‑monnaie dont la valeur est adossée à un actif ou panier d’actifs pour réduire la volatilité. Aux États‑Unis, la loi GENIUS exige des exigences précises sur le backing (réserves), la fréquence et la nature des audits, et la transparence des réserves. Le texte britannique prévoit des obligations similaires pour les émetteurs et pour les custodians (dépositaires) qui conservent les cryptoactifs au nom des clients.

Enfin, la coopération transatlantique devrait porter sur les normes d’AML (anti‑money laundering, lutte contre le blanchiment de capitaux) et sur la conduite de marché : surveillance des manipulations, règles de divulgation et standards pour les plateformes d’échange.

Risques et limites

La coordination amène des bénéfices mais aussi des défis. Le premier est la définition elle‑même des actifs : tous les tokens ne sont pas identiques et les critères d’éligibilité peuvent diverger. Cela crée un risque de regulatory arbitrage, c’est‑à‑dire l’utilisation consciente d’un écart entre réglementations pour contourner des obligations. Les entreprises multi‑juridictionnelles devront naviguer entre exigences de reporting différentes, coûts de conformité élevés et complexité opérationnelle.

Ensuite, l’exécution pratique de la coopération pose question : partage de données transfrontalières, coordination des sanctions, et capacités d’enquête communes. Il y a aussi un risque politique : harmoniser par le bas pour obtenir un accord rapide peut limiter l’ambition des règles. Enfin, la contrainte réglementaire peut freiner l’innovation si les charges administratives deviennent disproportionnées pour les start‑ups.

Contexte du marché

La coordination UK‑US intervient alors que de nombreux pays finalisent leurs propres cadres. Le Royaume‑Uni se positionne comme un pôle potentiel pour les actifs numériques grâce à ses textes récents sur les stablecoins et les actifs de règlement numérique. Si Londres et Washington convergent, cela pourrait faire office de modèle influent et pousser d’autres juridictions à harmoniser leurs standards. Reste que le paysage reste dynamique : l’application effective des règles et la réaction des acteurs privés détermineront l’impact réel sur le marché.

Note : situation en évolution : les détails précis des accords et des textes resteront à confirmer au fur et à mesure des annonces officielles.

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