Phantom cash et open issuance : quand les stablecoins veulent sortir des silos crypto
À retenir
- Phantom lance Phantom Cash, un service de paiement grand public adossé à CASH, un stablecoin (crypto dont la valeur est arrimée à une monnaie fiat).
- Le stablecoin est émis via Open Issuance, la plateforme de Stripe qui permet aux entreprises de créer et gérer des stablecoins avec peu d’intégration technique.
- Le produit combine fonctionnalités de wallet, paiement via Visa/Apple Pay/Google Pay et conversions sans frais sur les stablecoins.
- La nouvelle met en lumière la volonté d’intégrer les stablecoins dans les paiements grand public, tout en soulevant des questions sur la gestion des réserves, la liquidité et la conformité.
Phantom transforme son porte‑monnaie crypto en une application d’argent plus large avec Phantom Cash. Le service permet de charger un solde instantanément par virement bancaire ou carte, d’acheter et vendre des stablecoins sans frais, de payer en Visa via Apple Pay ou Google Pay et d’envoyer de l’argent entre pairs. Le stablecoin utilisé, nommé CASH, est émis sur Open Issuance, la brique infrastructurelle récemment promue par Stripe pour faciliter l’émission de monnaies numériques adossées à des réserves réelles.
Pourquoi c’est important
La nouveauté n’est pas seulement technique : elle incarne un mouvement d’appropriation des stablecoins par des acteurs de paiements traditionnels. Open Issuance (plateforme d’émission simplifiée) externalise une partie clé du modèle — comme la gestion des réserves — vers des institutions financières existantes. En pratique, cela réduit la friction technique et réglementaire pour des entreprises qui voudraient proposer leur propre monnaie numérique.
Pour les utilisateurs, l’intérêt est évident : une expérience proche d’un compte de paiement classique, avec l’accès aux rails crypto pour les conversions et les transferts. Pour le secteur, l’enjeu est de rendre les stablecoins interopérables entre émetteurs afin d’abaisser les coûts de conversion et d’accélérer les règlements. C’est aussi un terrain d’expérimentation pour des promesses plus larges, comme l' »agentic commerce » — des agents logiciels qui pourraient effectuer des achats ou des paiements au nom d’un utilisateur.
Risques et limites
La promesse technique cohabite avec des risques concrets. D’abord, la pérennité du peg d’un stablecoin dépend de la qualité et de la transparence des réserves sous‑jacentes. Ici, l’émission via une plateforme tierce implique que l’utilisateur final doit se fier à plusieurs intermédiaires : l’émetteur du wallet, l’infrastructure d’émission et les institutions qui gèrent les réserves.
Ensuite, la liquidité et l’interopérabilité sont opérationnelles sur le papier, mais peuvent se heurter aux habitudes des marchés et aux coûts hors chaîne (par exemple, frais de réseau ou limites bancaires). Enfin, l’intégration avec des rails de paiement traditionnels élargit l’empreinte réglementaire et opérationnelle : plus grande exposition, plus de contrôles nécessaires.
Réglementation et conformité
L’arrivée de stablecoins pilotés par des entreprises de paiements accélère les questions réglementaires. Les autorités examinent la nature des réserves, les procédures d’audit, la lutte contre le blanchiment et la protection des consommateurs. Quand une plateforme externalise la gestion des réserves à des institutions financières, elle espère bénéficier de cadres déjà établis, mais cela n’exempte pas d’exigences locales en matière de licences de paiement ou d’émission monétaire.
En pratique, la conformité sera un facteur déterminant pour l’adoption à grande échelle : transparence des audits, mécanismes de rachat et gestion des crises de confiance doivent être clairement définis pour convaincre utilisateurs, partenaires commerciaux et régulateurs.
Phantom Cash illustre une tendance : rapprocher l’expérience crypto de l’usage quotidien, tout en redistribuant les responsabilités entre nouveaux et anciens acteurs financiers. La suite dépendra moins de la technologie que de la confiance institutionnelle et de la capacité des régulateurs à encadrer ces passerelles.