Mineurs bitcoin en tête, plasma face à l’épreuve de l’usage
En bref
- Les mineurs Bitcoin affichent une surperformance spectaculaire : +150,32% depuis le début de l’année, loin devant le Bitcoin lui‑même et les actions crypto.
- Le marché revalorise les opérateurs miniers comme fournisseurs d’infrastructures : capacité électrique pré‑autorisée et data centers haute densité convertibles pour l’AI/HPC (intelligence artificielle / calcul haute performance).
- Plasma, lancée récemment comme « chaîne des stablecoins », voit son token XPL chuter fortement (-70% depuis l’ATH), malgré un TVL (total value locked, valeur totale verrouillée) élevé à 8,42 milliards de dollars.
- La forte proportion de stablecoins immobilisés dans des fermes de rendement — environ 65% en prêts sur des protocoles comme Aave — expose Plasma à des sorties lorsque les récompenses diminuent.
Le mouvement est clair sur deux fronts distincts mais complémentaires : d’un côté, une réévaluation structurelle des mineurs Bitcoin ; de l’autre, le retour à la réalité d’un projet de chaîne stablecoin qui a misé trop tôt sur l’incitation financière plutôt que sur l’usage.
Contexte du marché
La performance des mineurs Bitcoin repose sur un changement de narrative. Longtemps perçus comme des proxies à effet de levier sur le prix du Bitcoin, ils sont désormais considérés comme des opérateurs d’infrastructures physiques. Cette logique repose sur trois éléments : la détention de capacité électrique pré‑autorisée et bon marché, des campus équipés pour accueillir des racks à forte densité, et la possibilité de monétiser cette énergie soit via le minage, soit via l’hébergement de charges AI/HPC.
Concrètement, des contrats de hosting (hébergement de matériel ou de charge) génèrent aujourd’hui environ 70% de revenus supplémentaires par mégawatt (MW, mégawatt) comparé au seul minage au prix courant du « hashprice » — terme désignant le revenu implicite par unité de puissance de calcul du réseau. Les chiffres cités montrent des contrats autour de 149 000 $/MW‑mois contre 87 000 $/MW‑mois pour le minage pur, aux niveaux actuels de revenus de hachage.
Plusieurs acteurs — citons des opérateurs qui ont signé des accords pluriannuels de hosting — tirent profit de flux de trésorerie indexés en dollars en plus des recettes de minage. La surperformance est aussi concentrée : quelques poids lourds ont pris une avance significative grâce à l’expansion rapide en exahash (échelle de puissance de calcul) et en capacité de racks, des coûts énergétiques bas, et une crédibilité sur l’option AI/HPC. À l’inverse, les retardataires souffrent d’empreintes opérationnelles plus petites, de coûts énergétiques supérieurs ou de bilans moins solides.
À suivre
- Capacité des mineurs à convertir vraiment leurs campus en offres AI/HPC rémunératrices et à signer des contrats long terme, réduisant la cyclicité liée au prix du Bitcoin.
- L’évolution des coûts et de la sécurité d’accès au réseau électrique (interconnexions), qui restent des facteurs déterminants pour la rentabilité par MW.
- Sur Plasma : le passage des stablecoins d’un rôle de token‑récompense à une monnaie en circulation réelle. Sans augmentation notable de l’usage (paiements, intégrations marchandes, ou cas d’usage spécifiques), la chaîne risque de redevenir une simple ferme à rendement.
- L’impact potentiel d’initiatives comme Neutrl — qui ouvre des pré‑dépôts avec 50 millions de dollars pour proposer des produits OTC (over‑the‑counter, transactions de gré à gré) couverts et des stratégies de rendement delta‑neutral — sur la maturation d’un écosystème stablecoin plus utilitaire.
Sur le plan macro‑crypto, l’enseignement est multiple : la valeur se migre parfois des actifs purement financiers vers des actifs d’infrastructure tangibles ; mais la longévité d’un écosystème dépend enfin de l’usage réel, pas seulement des incentives. Les prochains trimestres diront si les mineurs confirment leur statut d’opérateurs d’infrastructures diversifiés et si Plasma parvient à transformer une base de TVL en flux de paiements et d’usages durables.