La Chine mise sur la blockchain publique pour booster son influence mondiale
La Chine vient de lancer une nouvelle plateforme de blockchain publique en partenariat avec Conflux Network, dans le but de soutenir son ambitieux projet de nouvelle route de la soie. Cette initiative souligne l’intérêt croissant de l’empire du Milieu pour la technologie blockchain, même si le pays reste très méfiant vis-à-vis des cryptomonnaies.
La blockchain au service de la Belt and Road Initiative
Baptisée « Ultra-Large Scale Blockchain Infrastructure Platform for the Belt and Road Initiative », cette nouvelle plateforme vise à fournir une infrastructure blockchain publique pour faciliter les applications transfrontalières dans le cadre de la Belt and Road Initiative (BRI), aussi connue sous le nom de nouvelle route de la soie.
Lancée en 2013 par le président Xi Jinping, la BRI est un vaste projet d’investissements dans les infrastructures visant à renforcer les liens commerciaux entre la Chine et plus de 60 pays d’Asie, d’Europe et d’Afrique. En s’appuyant sur la technologie blockchain, la Chine espère fluidifier les échanges et la coopération avec ses partenaires.
Conflux Network, qui pilote ce projet, est un écosystème blockchain multichaînes géré par la Conflux Foundation, également connue sous le nom de Shanghai Tree-Graph Blockchain Research Institute.
Selon Conflux, « l’objectif principal du projet est de créer une plateforme d’infrastructure blockchain publique. Cette plateforme sera en mesure de soutenir la mise en œuvre de projets de coopération transfrontalière le long de la Belt and Road Initiative. »
Un intérêt croissant pour la blockchain malgré l’hostilité envers les cryptos
Cette initiative gouvernementale en faveur de la blockchain intervient malgré l’hostilité de la Chine continentale envers les cryptomonnaies. Pékin a en effet interdit le trading et le minage de cryptomonnaies en 2021, ainsi que les échanges offshore opérant dans le pays.
Avant le début de la répression contre les cryptos en 2021, la Chine représentait les deux tiers de la puissance de hachage totale du minage de Bitcoin. Malgré l’interdiction, une étude de décembre 2023 révèle que 33,3% des investisseurs chinois possèdent une quantité importante de stablecoins.
Cet intérêt pour la blockchain malgré la méfiance envers les cryptos n’est pas nouveau.
Comme le souligne Paul Triolo du cabinet Albright Stonebridge, « la blockchain est très importante pour la Chine. Les responsables gouvernementaux veulent que les entreprises chinoises s’en servent pour résoudre des problèmes du monde réel ».
La Chine exploite depuis longtemps le potentiel de la technologie blockchain et Pékin a même publié un livre blanc sur le sujet.
Contrôler la technologie et préserver la stabilité
Si la Chine mise sur la blockchain publique pour ses applications, elle tient néanmoins à garder le contrôle de la technologie utilisée. Contrairement aux blockchains décentralisées du monde des cryptomonnaies, celles soutenues par la Chine seront probablement entièrement centralisées.
Comme l’explique Garrick Hilleman, chercheur spécialiste de la blockchain, il existe une « incompatibilité fondamentale entre l’ambition de la Chine de soutenir un écosystème national de développement de la blockchain et la nature décentralisée de la technologie blockchain ». Pour devenir un leader mondial de la blockchain tout en préservant son contrôle, la Chine devra composer avec le potentiel perturbateur de cette technologie.
Car au-delà des applications pratiques, l’un des principes clés qui guide l’approche de la Chine en matière de blockchain est la préservation de la stabilité sociale. C’est ce qui explique sa fermeté vis-à-vis des cryptomonnaies, perçues comme une menace potentielle. En gardant la main sur sa blockchain publique, tout en laissant la porte entrouverte aux cryptos via Hong Kong, la Chine cherche le juste équilibre pour rester dans la course technologique mondiale sans compromettre son autorité.
Conclusion
Avec cette nouvelle plateforme blockchain pour soutenir la BRI, la Chine affirme un peu plus son ambition de peser sur les standards technologiques internationaux. Une stratégie qui pourrait bien faire de l’ombre à l’Occident dans les années à venir, sur l’échiquier géopolitique mondial.