Divine lève 6,6 M$ pour étendre credit, un protocole de prêt sans collatéral

En bref

  • Divine a annoncé une levée de 6,6 M$ en seed pour développer Credit, un protocole de prêts undercollateralized (sans collatéral exigé) lancé en décembre 2024.
  • Le protocole a déjà émis plus de 175 000 prêts à plus de 100 000 emprunteurs, principalement en Argentine, Nigeria et Colombie.
  • Les prêts sont libellés en stablecoins (cryptomonnaies indexées sur une monnaie fiat) et réglés sur une blockchain propriétaire appelée World Chain.
  • Distribution via des mini‑applications touchant plus de 15 millions d’utilisateurs vérifiés humainement ; dépôts plafonnés à 2 M$ pendant la montée en charge.

Divine met à profit cette levée pour accélérer le déploiement de Credit, un produit visant les populations exclues des circuits bancaires classiques. L’ambition : offrir de petits crédits non garantis en s’appuyant sur le comportement de remboursement plutôt que sur un historique de crédit ou des actifs en garantie. Le positionnement est à la fois social et technique, et pose des compromis opérationnels dont le marché va mesurer la robustesse.

Le détail technique

Credit propose des prêts dits « undercollateralized », c’est‑à‑dire accordés sans collatéral (sans garantie matérielle bloquée). Pour compenser l’absence de garantie, le protocole évalue la capacité de remboursement via le comportement observable des utilisateurs — fréquence d’usage, historique de paiements internes, évolutions des limites accordées. Les limites démarrent très basses et peuvent grimper jusqu’à 1 000 $ pour les emprunteurs fiables.

Les prêts sont denominés en stablecoins (cryptomonnaies conçues pour maintenir une parité avec une monnaie fiduciaire), ce qui réduit la volatilité pour l’emprunteur et le prêteur. Le règlement s’effectue sur World Chain, présenté comme une blockchain dédiée, et la distribution passe par des World MiniApps : de petites applications intégrées à une plateforme plus large, capables d’atteindre et d’authentifier massivement des utilisateurs. Le service revendique plus de 15 millions d’utilisateurs vérifiés humainement.

Sur la gestion du risque, deux mécanismes clés apparaissent :

  • Incitation à « default early » : si un emprunteur prévoit de faire défaut, il est incité à le faire rapidement, ce qui limite les pertes cumulées et évite les défauts prolongés qui fragilisent le système.
  • Mécanique de liquidité dynamique : les dépôts de capital sont plafonnés à 2 M$ pour l’instant, et les taux proposés aux depositants montent automatiquement quand la demande de prêts dépasse l’offre, puis baissent inversement.

Pourquoi c’est important

Le projet touche un enjeu majeur : l’accès au crédit pour des populations non bancarisées ou sous‑banked. En combinant outils numériques, vérification d’identité et scoring comportemental, Credit cherche à créer une alternative aux usuriers locaux et aux plateformes informelles. Pour le secteur crypto, c’est un test de viabilité d’un modèle de prêt non garanti à grande échelle, là où la finance décentralisée (DeFi — finance décentralisée) s’est historiquement appuyée sur le collatéral pour limiter le risque.

Les implications sont doubles : d’un côté, une bonne exécution peut améliorer l’inclusion financière et prouver qu’on peut prêter sans collatéral dans certains contextes. De l’autre, le modèle repose sur des hypothèses de comportement et de liquidité qui doivent tenir face à des chocs macroéconomiques et à des variations locales de pouvoir d’achat.

Calendrier et prochaines étapes

La levée doit financer recrutement et améliorations techniques, avec pour objectif d’optimiser l’onboarding des primo‑utilisateurs. Dans l’immédiat, l’accent est mis sur la montée en charge sécurisée : contrôle des flux de dépôts (plafond à 2 M$), affinement des algorithmes de scoring et ajustement des paramètres de taux dynamiques. Les prochains mois seront déterminants pour voir si le système peut maintenir des ratios de défaut soutenables tout en élargissant l’accès au crédit.

Il s’agit d’une histoire en cours : le succès dépendra autant de la solidité technique que de la capacité à gérer les risques opérationnels et réglementaires dans des marchés émergents.

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