DBS utilise ethereum pour tokeniser des notes structurées, mais le trading reste encadré

En bref

  • La plus grande banque de Singapour a émis des notes structurées liées aux cryptos sous forme de tokens sur Ethereum mainnet, libellées à 1 000 $ l’unité.
  • La distribution est limitée à des investisseurs accrédités et institutionnels via trois plateformes numériques partenaires ; l’objectif est d’abaisser le ticket d’entrée traditionnel de 100 000 $.
  • Les tokens sont transférables entre wallets préalablement approuvés (whitelisted), mais ne circuleront pas librement dans les pools de DeFi (finance décentralisée).
  • La banque met en avant la flexibilité d’Ethereum pour des fonctions futures (règlement atomique en stablecoins, wrapping inter-chaînes), tout en maintenant un périmètre contrôlé.
  • La demande semble forte : plus de 1 milliard de dollars d’options crypto et notes structurées ont été négociés par ses clients au 1er semestre 2025.

La démarche marque un pas visible des institutions financières vers l’onchain : utiliser la blockchain publique d’Ethereum comme rail d’émission, tout en gardant des garde-fous traditionnels. Ce n’est pas une migration vers la finance décentralisée mais plutôt une hybridation où la blockchain sert d’infrastructure programmatique pour des produits bancaires standards.

Contexte du marché

Les acteurs institutionnels cherchent à rendre certains produits structurés plus modulaires et liquides. Historiquement, une note structurée exigeait souvent un ticket minimum de l’ordre de 100 000 $ et était conçue sur mesure. La tokenisation fractionne ces instruments en unités « bite-sized » à 1 000 $, ouvrant la porte à une gestion plus fine des allocations. Dans le même temps, les banques veulent répondre à une montée de la demande : le volume d’activité sur options crypto et notes structurées a dépassé 1 milliard de dollars au premier semestre 2025, avec une croissance trimestrielle marquée.

Le détail technique

L’émission se fait sur Ethereum mainnet, la blockchain publique d’Ethereum. Contrairement aux expérimentations précédentes sur des réseaux permissionnés, ici le contrat est visible publiquement, mais son usage reste restreint par des mécanismes d’identification. Les tokens peuvent être transférés entre wallets « whitelisted » (adresses autorisées), ce qui permet une circulation encadrée entre plateformes partenaires sans ouvrir le jeton aux pools DeFi (finance décentralisée) — ces derniers permettent habituellement des échanges et des stratégies automatisées sans permission.

Des standards existent pour intégrer la conformité dans les tokens, par exemple ERC-1400 et ERC-3643 (normes de jetons visant à ajouter des règles de transfert et des contrôles de conformité directement dans le contrat). La banque n’a pas précisé si elle adopte l’un de ces standards ou un contrat propriétaire. Elle évoque aussi la possibilité future d’un règlement atomique — une émission réglée instantanément avec un stablecoin — et de mécanismes de wrapping pour redistribuer les tokens sur d’autres blockchains.

Impacts pour les utilisateurs

Pour les investisseurs accrédités et institutionnels, l’intérêt est double : ticket d’entrée réduit et possibilité de transférer des tranches de notes entre plateformes, facilitant la gestion de portefeuille. Le dispositif reste toutefois conditionné au respect des obligations de connaissance client (KYC) et de lutte contre le blanchiment (AML), ce qui exclut le grand public et limite l’interopérabilité de fait.

Risques et limites

La promesse de liquidité est contrainte par le périmètre choisi : l’absence d’accès aux pools DeFi réduit les canaux de liquidité potentiels. L’utilisation d’un contrat propriétaire complique aussi la portabilité à long terme si des standards open-source ne sont pas suivis. Enfin, ces produits conservent les risques marché inhérents aux notes structurées (exposition à la volatilité des cryptos, barrières de remboursement, etc.) ainsi que des risques opérationnels et de concentration liés à la distribution via quelques plateformes partenaires.

Précision: cette initiative n’est pas intégrée à un cadre gouvernemental spécifique de tokenisation. Elle illustre une approche prudente : exploiter les capacités techniques d’Ethereum sans renoncer aux contrôles réglementaires et opérationnels propres au secteur bancaire.

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