Crypto.com dans la tourmente : 2,85 millions d’euros d’amende pour l’exchange star !
La Banque des Pays-Bas vient d’infliger une lourde sanction financière à la plateforme d’échange de cryptomonnaies Crypto.com. Retour sur cette affaire qui ébranle l’industrie crypto et ses implications.
Crypto.com épinglé par le régulateur néerlandais
L’annonce a fait l’effet d’une bombe mercredi dernier. Dans un communiqué, la Banque des Pays-Bas (DNB) a révélé avoir infligé une amende de 2,85 millions d’euros à l’encontre de l’exchange singapourien Crypto.com pour avoir fourni des services aux Pays-Bas sans enregistrement légal.
Selon le régulateur, la plateforme proposait illégalement des services d’échange entre cryptomonnaies et monnaies fiduciaires ainsi que des services de portefeuille de cryptomonnaies aux consommateurs néerlandais sans avoir obtenu au préalable l’enregistrement obligatoire auprès de la DNB. Ces activités non autorisées se seraient déroulées sur une période allant du 21 mai 2020 au 17 août 2022.
Une sanction exemplaire
Le montant de l’amende, 2,85 millions d’euros, est particulièrement élevé. Il s’agit de la sanction la plus lourde jamais prononcée par la DNB à l’encontre d’un acteur crypto. Le régulateur justifie cette sévérité par plusieurs facteurs aggravants :
- La très grande popularité de Crypto.com, qui compte plus de 50 millions d’utilisateurs dans le monde
- La longue durée de l’infraction (plus de 2 ans)
- Les importants volumes échangés illégalement aux Pays-Bas
- Le fait que Crypto.com ait réalisé un « avantage concurrentiel considérable » en éludant les coûts de conformité réglementaire
La DNB souligne que l’enregistrement est essentiel pour surveiller efficacement les risques de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme. En opérant sans supervision, Crypto.com a exposé ses clients à des dangers accrus selon le gendarme financier.
Un coup dur pour Crypto.com
Cette sanction tombe au plus mal pour Crypto.com qui traverse une passe difficile. Fin 2022, dans un contexte de « crypto winter », l’entreprise avait dû se résoudre à supprimer 20% de ses effectifs. Son token natif, le Cronos (CRO), a perdu plus de 90% de sa valeur depuis son plus haut historique en novembre 2021.
Cette amende risque de ternir un peu plus l’image de la plateforme, qui avait misé sur une coûteuse campagne marketing pour asseoir sa notoriété (parrainage de la Coupe du Monde, naming du mythique Staples Center de Los Angeles, publicités avec Matt Damon…).
Crypto.com a réagi en déclarant avoir remédié au problème et obtenu l’enregistrement requis aux Pays-Bas en août 2022. Mais le mal est fait. Au-delà du préjudice financier et réputationnel, cette affaire montre que même les acteurs les plus en vue ne sont pas à l’abri des foudres des régulateurs.
Vers un durcissement réglementaire ?
Plus largement, cette sanction pourrait être annonciatrice d’un durcissement de ton des autorités envers l’industrie des cryptomonnaies. Échaudés par les scandales à répétition (faillite de FTX, crash de Terra Luna, piratages massifs…), de plus en plus de régulateurs semblent décidés à resserrer la vis.
Aux États-Unis, la SEC multiplie les actions en justice contre les entreprises crypto. En Europe, le règlement MiCA, qui doit entrer en vigueur en 2024, va imposer un cadre strict aux acteurs du secteur. Les plateformes devront notamment obtenir un agrément pour opérer sur le sol européen.
Dans ce contexte, les exchanges qui voudraient faire l’impasse sur la conformité réglementaire s’exposent à des sanctions de plus en plus sévères. L’amende infligée à Crypto.com sonne comme un avertissement. Pour perdurer, les entreprises crypto vont devoir jouer le jeu de la régulation, qu’elles le veuillent ou non.
Une page se tourne pour une industrie crypto longtemps perçue comme une zone de non-droit. Place à une nouvelle ère, celle de la maturité et de la responsabilité. Un défi de taille pour un secteur habitué à une croissance effrénée loin des radars réglementaires. Mais un passage obligé pour gagner en légitimité et attirer les investisseurs institutionnels. L’avenir nous dira si les acteurs crypto sont prêts à relever ce défi. Une chose est sûre : l’exemple de Crypto.com devrait les inciter à la plus grande prudence.