Chainlink étend une initiative avec 24 banques pour réduire 58 milliards de coûts des corporate actions
Les faits marquants
- 24 grandes institutions financières et infrastructures de marché rejoignent un projet visant à automatiser le traitement des corporate actions (dividendes, fusions, splits, etc.).
- Le système combine intelligence artificielle (IA) et technologie de registre distribué (DLT) pour produire des « golden records » structurés et validés, accessibles simultanément par custodians, systèmes post-trade et contrats intelligents.
- Des composants clés : des modèles de langage large (LLM) pour extraire l’information non structurée, un environnement d’exécution dédié pour valider les sorties IA et un protocole d’interopérabilité cross-chain pour distribuer les enregistrements.
- Objectif affiché : réduire des traitements qui prennent aujourd’hui des jours à quelques minutes et adresser une dépense estimée à 58 milliards de dollars annuels dans l’industrie liées aux corporate actions.
La nouvelle phase de ce projet industrialise la chaîne : depuis la capture d’annonces non structurées jusqu’à la diffusion de messages ISO 20022 — le standard de messagerie financière — via le réseau SWIFT, puis la distribution on-chain dans des écosystèmes tels que celui de la DTCC (Depository Trust & Clearing Corporation). Pour les équipes techniques, l’intérêt est double : fiabiliser l’extraction via IA et produire des artefacts signés et interopérables consommables par des piles legacy comme par des smart contracts.
Le détail technique
Le pipeline repose sur plusieurs briques complémentaires. D’abord, des LLM (large language models, grands modèles de langage) lisent et extraient des informations d’annonces souvent rédigées en langage naturel et parfois multilingues. Ces sorties sont transformées en enregistrements standardisés — des « golden records » — puis soumises à une couche de validation automatique, le Chainlink Runtime Environment (CRE), qui vérifie la cohérence et la conformité avec des schémas ISO 20022.
Une fois validés, les messages ISO 20022 sont routés sur le réseau SWIFT (système mondial de messagerie financière) pour s’intégrer aux flux post-trade, et la preuve de validation est publiée via un protocole d’interopérabilité cross-chain (CCIP) vers plusieurs réseaux DLT (distributed ledger technology, technologie de registre distribué). Cela permet à custodians, agents de paiement et smart contracts d’accéder à une version unique, horodatée et attestée des décisions corporate.
Risques et limites
La combinaison IA + on-chain pose des défis techniques et juridiques. Les LLM peuvent « halluciner » : produire des résultats plausibles mais incorrects. D’où la nécessité d’une validation multi-modèle et d’attestations cryptographiques côté oracle pour tracer l’origine et la confiance des données. Le mapping vers ISO 20022 n’est pas trivial — cas limites, clauses conditionnelles et exceptions juridiques compliquent l’automatisation complète.
Sur l’infrastructure, la sécurité du CCIP, la gestion des clés (threshold signatures) et la finalité des registres restent des points sensibles. Enfin, la mise en conformité transfrontalière — notamment sur la preuve légale d’un corporate action — nécessite des accords clients et des adaptations réglementaires.
Impacts pour les utilisateurs
Pour les développeurs et architectes des systèmes financiers, l’intérêt est clair : interfaces standardisées (ISO 20022), APIs d’oracles et messages signés ouvrent la voie à l’automatisation des workflows post-trade et à des smart contracts réactifs. Mais l’intégration demandera des efforts — tests de bout en bout, plans de reprise, mécanismes d’arbitrage manuel et audits d’IA.
En pratique, attendre une réduction drastique des délais de traitement est réaliste, à condition d’investir dans la supervision des modèles, la résilience des canaux SWIFT/DLT et la gouvernance des golden records. Les équipes techniques devront concevoir des architectures hybrides : confiance cryptographique pour l’automatisation, et procédures humaines pour gérer les exceptions.