Bigcoin 2.0 : relance communautaire et enjeux réglementaires d’un token controversé
À retenir
- Bigcoin, un token lié à un jeu « mining » basé sur des NFTs (jetons non fongibles), a vu son prix chuter de plus de 90 % après un pic en avril puis remonter récemment.
- Le créateur original a cédé le projet à une petite équipe communautaire qui transforme des « rigs » pixelisés en plus de 29 000 NFTs pour générer des royalties et alimenter une trésorerie.
- Plus de la moitié des jetons minés ont été brûlés (destroyed) ; l’offre totale du token reste plafonnée à 21 millions.
- La relance pose des questions de conformité : centralisation, distribution, liquidité et potentiel caractère « investment contract » aux yeux des régulateurs.
Le projet Bigcoin illustre une dynamique devenue courante : lancement viral, montée rapide du prix, effondrement, puis tentative de reboot par la communauté. Au-delà du récit crypto, la trajectoire soulève des points précis pour les autorités de régulation et pour les acteurs du marché.
Réglementation et conformité
Les régulateurs se concentrent sur trois critères quand ils examinent un token : promesses de rendement, rôle d’un acteur central et mécanismes de contrôle économique. Si un token est commercialisé de façon à créer une expectation de profit pour les acheteurs — par exemple via un système de « mining » où les premiers participants reçoivent des récompenses importantes — il peut être requalifié comme un « investment contract » et donc tomber sous le régime des valeurs mobilières.
Autre sujet : l’anonymat ou la pseudonymie des fondateurs. Une gouvernance opaque renforce le risque de responsabilité pour manipulation de marché ou pour absence de protections KYC (know your customer — vérification d’identité) et AML (anti‑money laundering — lutte contre le blanchiment). La transformation de rigs en NFTs (non‑fungible tokens — jetons non fongibles) générant des royalties crée une source de revenus pour l’équipe : selon la façon dont ces revenus sont utilisés et présentés, cela peut ressembler à une activité d’émetteur nécessitant des déclarations et une supervision.
Le détail technique
Concrètement, le projet a converti des éléments du jeu en NFTs listés sur une place secondaire, activant des royalties à chaque revente. Le token natif a une offre maximale (cap) de 21 millions et un mécanisme de burn (destruction de jetons) qui a déjà réduit une partie de l’offre en circulation. Les nouveaux gestionnaires veulent aussi injecter de la liquidité pour réduire la slippage — perte de valeur liée au prix payé lorsque la profondeur du marché est faible.
Techniquement, ces leviers (royalties, burn, injection de liquidité) sont double tranchant : utiles pour stabiliser un marché immature, mais potentiellement problématiques si les règles de gouvernance et les contrats intelligents ne sont pas audités et si la trésorerie est contrôlée par quelques adresses.
Impacts pour les utilisateurs
Pour les participants, les risques sont clairs : volatilité extrême, possibilité de rug pull (retrait brutal de liquidité), et incertitudes fiscales liées au statut du token. Les détenteurs d’NFT doivent aussi savoir que les royalties sont réglées côté marché secondaire et ne garantissent pas une redistribution équitable des revenus. Enfin, les petits porteurs restent vulnérables face aux whales (gros détenteurs) capables d’influencer le prix.
À suivre
Sur le plan réglementaire, il faudra surveiller trois indicateurs : la transparence de la trésorerie (qui contrôle les fonds ?), l’existence d’un cadre de gouvernance clair (DAO ou équivalent) et la communication sur la finalité du token (utility vs security). Les autorités pourraient s’intéresser à tout signal de distribution biaisée, promesse implicite de gains ou opérations de marché orchestrées. Côté marché, l’évolution de la liquidité, les audits de smart contracts et la participation réelle de la communauté seront des éléments déterminants pour juger si cette relance tient sur la durée.