Enquête suisse sur les jetons blockchain de la FIFA
Points clés
- L’autorité suisse des jeux (Gespa) a ouvert une enquête préliminaire sur la vente par la FIFA de jetons blockchain donnant un « droit d’achat » de billets pour la Coupe du monde 2026.
- Ces jetons sont des jetons numériques (token) émis sur une blockchain (chaîne de blocs) et permettent, sous conditions, d’acheter des billets pour des rencontres précises.
- La structure a suscité des interrogations sur un éventuel caractère spéculatif ou assimilable au jeu d’argent ; des rapports indiquent que la vente aurait généré environ 15 millions de dollars.
La nouvelle a déclenché une attention accrue sur un produit hybride : des jetons blockchain qui ne donnent pas directement un billet, mais un droit d’acheter un billet si certaines conditions (par exemple la qualification d’une équipe) sont remplies. L’autorité suisse des jeux (Gespa) veut déterminer si ce mécanisme entre dans le champ des législations sur les jeux d’argent.
Contexte du marché
Sur le marché, on voit de plus en plus d’expérimentations autour de la blockchain (une technologie de registre distribué qui enregistre des transactions de manière sécurisée et immuable) et des jetons (tokens) appliqués à des biens culturels ou sportifs. Ici, le produit vendu est un « right to buy » — un droit contractuel, matérialisé par un jeton numérique, qui s’active si une condition sportive est remplie. Certains de ces jetons étaient associés à des équipes précises et proposés à des prix fixes ; par exemple, un jeton lié à une finale pouvait être commercialisé autour de 999 dollars.
Ce type d’offre relève d’un modèle mixte : à mi-chemin entre un accès prioritaire, une loterie et un actif spéculatif. Dans le contexte d’un événement global comme la Coupe du monde 2026 — organisée sur plusieurs pays — les enjeux financiers sont importants et les solutions numériques cherchent à capter une partie de la demande.
Impacts pour les utilisateurs
Pour les fans, l’attrait est clair : acheter un jeton peut offrir une chance plus structurée d’obtenir un billet pour un match très demandé. Mais il faut garder deux précisions en tête. Premièrement, détenir le jeton n’équivaut pas à obtenir le billet ; c’est un droit d’achat conditionnel. Deuxièmement, si la condition (par exemple la qualification d’une équipe) n’est pas remplie, la majorité des acheteurs ne verront pas aboutir leur droit et devront assumer la dépense initiale.
La pratique peut aussi nourrir un marché secondaire : certains acheteurs espèrent revendre leur jeton si sa valeur monte. Ce mécanisme crée un vecteur spéculatif distinct de l’objectif premier — assister à un match — et complexifie le rapport entre consommateur et produit.
Risques et limites
La question centrale pour le régulateur est juridique et consumeriste : s’agit-il d’une offre purement commerciale ou d’un produit assimilable au jeu d’argent ? Les lois sur les jeux visent les situations où le gain dépend en tout ou partie du hasard et où l’utilisateur peut perdre son apport financier. Si l’effet économique des jetons réunit ces critères, des obligations réglementaires (contrôles d’identité, prévention de l’addiction, transparence sur les chances réelles) peuvent s’appliquer.
Au-delà du droit, il y a des risques pratiques : opacité sur les probabilités de conversion en billet, recours limités en cas de litige, et fragmentation réglementaire quand l’offre touche plusieurs juridictions. Pour l’instant, il s’agit d’une enquête préliminaire : elle vise à établir les faits avant toute décision de sanction ou d’encadrement.
La situation est en évolution. Les acteurs du sport et de la tech observent, car l’issue pourrait clarifier le cadre d’utilisation des jetons numériques pour des événements culturels et sportifs.