Cipher signe un contrat à 3 milliards de dollars pour héberger de l’ia : enjeux réglementaires
L’essentiel
- Une entreprise de mining signe un accord de colocation HPC (high-performance computing, calcul haute performance) de 10 ans d’environ 3 milliards de dollars pour fournir 168 mégawatts (MW) critiques sur un site texan.
- Option d’extension deux fois cinq ans portant la valeur totale possible à 7 milliards de dollars; Google garantit 1,4 milliard de dollars des obligations de location et obtient des bons de souscription (warrants) pour une part de capital d’environ 5,4%.
- Le projet doit être achevé d’ici septembre 2026 et peut s’étendre à 500 MW sur 587 acres; Cipher évoque des marges opérationnelles nettes (NOI, net operating income) de 80–85% et des coûts de construction estimés à 9–11 millions de dollars par MW.
Une société initialement spécialisée dans le minage de bitcoin repense son modèle pour devenir un acteur d’infrastructure d’IA. Au-delà du montant spectaculaire, l’opération soulève des questions réglementaires et de politique publique : approbations locales, gestion du réseau électrique, sécurité des données et surveillance des structures de financement associées à une grande entreprise technologique.
Pourquoi c’est important
L’opération illustre trois tendances convergentes. D’abord, la demande pour des capacités de calcul intensif (HPC) pour l’intelligence artificielle attire des capitaux considérables et redessine le paysage des data centers. Ensuite, des acteurs issus de la cryptomonnaie cherchent à reconvertir des capacités énergétiques et foncières pour héberger des charges d’IA, ce qui transforme la nature des risques techniques et réglementaires. Enfin, l’intervention financière d’une grande plateforme qui garantit une part importante des obligations de location change la donne contractuelle et soulève des enjeux de dépendance et d’influence entre opérateurs.
Réglementation et conformité
Plusieurs couches de conformité sont à surveiller. Sur le plan local et environnemental, des permis de construction, des études d’impact et des accords d’interconnexion au réseau électrique seront nécessaires : l’augmentation rapide de la puissance installée peut exiger des renégociations d’approvisionnement en énergie et des mises à niveau du réseau. Sur le plan de la sécurité des données, héberger des charges d’IA implique d’examiner la protection des données, la résilience opérationnelle et, potentiellement, les obligations sectorielles si des données sensibles sont traitées.
Du point de vue financier et de gouvernance, la garantie de 1,4 milliard de dollars fournie par un grand acteur et l’émission de warrants (droits d’acheter des actions à un prix fixé) méritent un examen réglementaire : instruments convertibles, dilution potentielle, obligations d’information et transparence sur les conflits d’intérêts doivent être évalués par les autorités compétentes et par les marchés. Enfin, selon la nature des modèles et des matériels hébergés, des contrôles à l’exportation ou des restrictions technologiques pourraient s’appliquer lorsqu’il s’agit de technologies d’IA de pointe.
À suivre
- Procédures d’obtention des permis de construction et d’interconnexion électrique; délais et conditions imposés localement.
- Modalités exactes des garanties et des warrants : termes, calendriers et conséquences sur la gouvernance.
- Orientation des régulateurs sur la classification de ces sites (infrastructures critiques) et sur les obligations de transparence pour les contrats à long terme avec des fournisseurs d’IA.