Share lève 5 M$ pour une application de social trading onchain

Les faits marquants

  • Share, une application qui agrège les transactions onchain (c’est‑à‑dire enregistrées directement sur une blockchain) sur Solana, Base et Ethereum, sort de stealth et a levé 5 M$.
  • Parmi les investisseurs figurent des fonds reconnus du secteur, dont Coinbase Ventures et Collab+Currency.
  • Le fondateur et CEO est Scott Gray, à l’origine de l’agrégateur NFT Genie, acquis par Uniswap en 2022.
  • Share propose un fil d’actualité en temps réel des transactions, la possibilité de suivre des wallets et d’examiner des graphiques et ordres.

Une nouvelle génération d’apps cherche à rendre visible ce qui se passe réellement sur les registres publics. Share se positionne comme une interface sociale pour traders crypto, en indexant chaque transaction sur plusieurs blockchains afin de transformer l’activité onchain en « contenu » exploitable par les utilisateurs.

Réactions du marché

Le marché embrasse l’idée d’une couche sociale qui valorise l’« alpha » — le terme informel pour désigner une information d’investissement présumée avantageuse. En pratique, Share veut offrir un flux continu des achats et ventes, permettant à un utilisateur de repérer rapidement ce que les autres wallets font. Cela répond à une demande claire : dans un univers où les blockchains sont publiques, rendre ces données lisibles et actionnables crée une nouvelle forme d’information.

La compétition est déjà vive. D’une part, des applications natives crypto proposent des fonctionnalités sociales similaires. D’autre part, des acteurs établis comme des plateformes de courtage intègrent des volets sociaux à leurs produits. La course ne se joue pas seulement sur la qualité du tracking onchain (indexation et latence) mais aussi sur l’expérience : faciliter le « suivi » de plusieurs wallets et lier des identités persistantes — par exemple via des protocoles sociaux comme Farcaster — peut être un facteur différenciant.

Risques et limites

Transformer des transactions onchain en fil d’actualité pose des défis techniques et éthiques. Techniquement, indexer « chaque transaction » sur plusieurs chaînes exige des infrastructures capables d’absorber un flux élevé de données et de le normaliser. Sur Solana, Base et Ethereum, les formats et la vitesse varient, ce qui complique l’agrégation cross‑chain.

Sur le plan des risques, il y a une tension entre transparence et vie privée. Les blockchains sont publiques : une adresse (wallet) peut être suivie par n’importe qui. Mais agréger et présenter ces mouvements comme un contenu social peut favoriser des comportements à risque : imitation de positions (herding), exposition accrue à des scams, ou surf sur des “pump” de memecoins — ces jetons à forte composante spéculative et communautaire. Ce genre d’outil peut accélérer la transmission d’informations mais aussi amplifier des dynamiques de foule.

Réglementation et conformité

Du point de vue réglementaire, la mise en visibilité d’activités de trading soulève des questions. Les autorités examinent de près la frontière entre simple affichage d’informations publiques et incitation à la transaction. Les opérateurs devront aussi soigner la modération des contenus et la lutte contre la manipulation de marché, sans pour autant devenir des censeurs. Enfin, l’intégration de connexions multi‑wallet et d’identités sociales pose des défis KYC/AML (connaissance client et lutte contre le blanchiment) selon les juridictions.

Share entre donc dans une phase cruciale : convertir une promesse technique en produit durable exigeant, à la fois, robustesse d’indexation, sensibilité aux risques de communautarisation et dialogue avec les régulateurs. Le pari : faire de l’activité onchain une source d’information structurée et non un simple bruit de marché.

Rate this post

Partager sur vos réseaux !

Laisser un commentaire