Seturion : la plateforme paneuropéenne de règlement sur blockchain décryptée

Les faits marquants

  • Boerse Stuttgart Group lance Seturion, présenté comme la première plateforme paneuropéenne de règlement numérique pour actifs tokenisés.
  • Plateforme basée sur la blockchain et la DLT (distributed ledger technology — technologie de registre distribué), ouverte aux banques, brokers, places de marché et plateformes de tokenisation.
  • Supporte la connectivité aux blockchains publiques et privées, et le règlement en monnaie centrale (central bank money) ou en « on‑chain cash » tokenisé.
  • Déjà expérimentée via BX Digital, une place de négociation DLT régulée par la FINMA (Swiss Financial Market Supervisory Authority), et testée lors d’essais de la Banque centrale européenne (BCE) en 2024.
  • Demande de licence déposée sous le DLT Pilot Regime de l’UE auprès de BaFin (l’autorité fédérale de supervision financière allemande); la direction est soumise à approbation réglementaire.

Boerse Stuttgart présente Seturion comme une tentative de réunifier un paysage post‑négociation européen fragmenté. Par « règlement », on entend le mécanisme qui transfère réellement la propriété et les fonds après une transaction — traditionnellement long et coûteux pour les échanges transfrontaliers. Seturion s’appuie sur la DLT (distributed ledger technology), soit des registres distribués semblables à la blockchain, pour automatiser et accélérer ces étapes.

Pourquoi c’est important

Le système vise deux douleurs bien connues des marchés : la lenteur et le coût du règlement entre pays. Boerse Stuttgart affirme que Seturion peut réduire les coûts de règlement jusqu’à 90 % et traiter toutes les classes d’actifs, ce qui, si confirmé, changerait la donne opérationnelle pour les acteurs européens.

Concrètement, la plateforme permettrait des liquidités plus rapides et moins de risques liés au temps entre l’exécution d’un ordre et son règlement. Elle prend en charge le règlement en central bank money (monnaie centrale), c’est‑à‑dire des réserves ou équivalents émis par une banque centrale, mais aussi en tokenized on‑chain cash (liquidité numérique tokenisée sur la chaîne). Cette dualité est clé : elle offre une passerelle entre le monde bancaire traditionnel et les nouveaux modèles tokenisés.

Réactions du marché

Les premiers utilisateurs seront les places de négociation du groupe Boerse Stuttgart, avec d’autres partenaires attendus. Sur le papier, les banques et plateformes de tokenisation voient un intérêt pratique : interopérabilité entre blockchains publiques et privées, et réduction des frais post‑trade.

Reste une réserve de prudence : la promesse d’économies massives dépend d’adoption à grande échelle et d’un cadre réglementaire clair. Les essais menés pendant les tests de la Banque centrale européenne (BCE — European Central Bank) en 2024 ont montré des gains d’efficacité sur les titres tokenisés, mais la mise en production à l’échelle européenne impose des validations juridiques et techniques supplémentaires.

Calendrier et prochaines étapes

Seturion repose sur des expérimentations déjà conduites : déploiement chez BX Digital, une place DLT régulée par la FINMA, et participation aux tests de la BCE en 2024. La prochaine étape formelle est l’autorisation réglementaire en Allemagne : Boerse Stuttgart a soumis une demande de licence sous le DLT Pilot Regime de l’UE — un cadre temporaire visant à tester en conditions réelles des infrastructures basées sur la DLT — auprès de BaFin, l’autorité fédérale de supervision financière allemande.

La nomination de la direction (Dr. Lidia Kurt comme CEO et Lucas Bruggeman comme président du conseil) est conditionnée à ces approbations. Si elles sont obtenues, il faudra encore intégrer des partenaires opérationnels, étendre les passerelles vers d’autres banques centrales et standardiser les règles de règlement entre places.

En somme, Seturion est une étape significative vers un post‑trade européen plus intégré. Les bénéfices potentiels sont réels, mais leur réalisation dépendra autant de la technologie que de l’acceptation réglementaire et institutionnelle.

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